Grand Prix de Deauville 2020 (G2) : Telecaster

Deauville, dimanche

Deux sorties en France, deux démonstrations. Le britannique Telecaster (New Approach) a une nouvelle fois été intouchable dimanche à Deauville, deux mois après son succès dans la Coupe (Gr3), à ParisLongchamp. De quoi envisager le Qatar Prix de L’Arc de Triomphe (Gr1) ? En effet, pourquoi pas, surtout si le terrain est bien assoupli !

De bout en bout.

Contrairement à la course de ParisLongchamp, où il avait attendu en troisième position, Telecaster s’est rapidement emparé des commandes de l'épreuve. Suivi côté corde par le tenant du titre, Ziyad (Rock of Gibraltar), le représentant de Mark Weinfeld & Helena Ellingsen (Castle Down Racing) a imprimé un rythme soutenu à l’épreuve. À 400m du but, le futur lauréat est reparti de plus belle et s’est détaché sous la selle de Christophe Soumillon. Personne n’a pu l’approcher et Telecaster s’est imposé de six longueurs et demie devant Soft Light ** (Authorized), bon finisseur en dehors. Ziyad, qui a perdu la deuxième place dans les 50 derniers mètres, a complété le podium à trois quarts de longueur, deux longueurs devant Red Verdon (Lemon Drop Kid). Quant à Styledargent (Style Vendôme), il n’a visiblement pas aimé le terrain : il n’a jamais pu se montrer dangereux dans la ligne droite, terminant dernier à nette distance.

La patience de son entourage a payé.

Avant la course, il y avait deux inconnues pour Telecaster : le terrain lourd et la distance. Confirmé sur 2.000m, il avait couru une fois sur 2.400m et cela s’était soldé par une dernière place dans le Derby d’Epsom (Gr1), en 2019. Avant le Derby, le poulain avait gagné facilement les Dante Stakes (Gr2) en bon terrain, devant un certain Too Darn Hot (Dubawi). Mais la course d’Epsom lui a laissé des traces, puisqu’il a de nouveau déçu un mois plus tard dans les Eclipse Stakes (Gr1). Son entourage l’a tenu éloigné des hippodromes durant un an, et cela semble avoir porté ses fruits.

Son entraîneur, Hughie Morrison, a expliqué : « J'avais dit avant la course que Telecaster avait besoin d'un terrain souple, mais nous ne savions pas s'il allait apprécier un terrain très souple. Il s’en est bien tiré. Il faisait très "brute" à 3ans, physiquement et mentalement. Essayer de lui apprendre à être un véritable cheval de course en six semaines, ce à quoi nous avons été contraints l’année dernière, n’avait tout simplement pas fonctionné. Mais c’est formidable que nous l’ayons retrouvé encore meilleur, maintenant qu’il a appris. Le terrain souple est un plus pour les chevaux qui s’en sortent, car beaucoup d’entre eux n’aiment pas cela. Nous avons beaucoup d’options, et Dieu sait où nous irons avec lui. Il est engagé dans l'Arc, mais il l’est également dans quelques Grs1 en Allemagne. »

"Soumi" a dû attendre 20 ans…

Christophe Soumillon a gagné son deuxième Grand Prix de Deauville dimanche, 20 ans après sa victoire en selle sur Russian Hope (Rock Hopper). Au sujet de Telecaster, le jockey a dit au micro d’Equidia : « Aujourd’hui, il prouve qu’il tient bien la distance. J’avais aussi un doute sur son aptitude au terrain pénible. Mais avec la lice à zéro en dedans, où le terrain était vierge, ça m’a bien aidé. En face, dans les trous, il m’a fait quelques petites fautes. Mais ensuite, il a très bien accéléré. Je pensais que Ziyad allait pouvoir suivre ma pointe, mais le mien a fait la différence et gagne très plaisamment. C’est un cheval qui a beaucoup d’influx nerveux, qui n’est pas évident à gérer. Son entraîneur arrive souvent à bien faire vieillir ses chevaux, à bien les faire tenir, même lorsqu’ils n’ont pas forcément les origines pour. C’est pour ça que j’étais quand même assez confiant. Telecaster m’avait déjà beaucoup plu à ParisLongchamp, et aujourd’hui, il était en pleine possession de ses moyens. Il était vraiment relax au canter : je n’ai pas voulu l’embêter, je l’ai laissé faire. Je l’avais bien. »

Mention bien pour Soft Light **.

Deuxième à une demi-longueur de Ziyad dans l’édition précédente, Soft Light a cette fois-ci devancé le cheval de l’écurie Wertheimer & Frère. Après avoir attendu à l’arrière-garde, il est venu s’emparer de la deuxième place au prix d’une longue accélération, à l’image d’un cheval qui serait meilleur sur plus long. Soft Light mériterait de gagner un Groupe, lui qui a fait six fois l’arrivée en sept tentatives à ce niveau. Son entraîneur, Jean-Claude Rouget, nous a dit : « Il court bien, il fait un peu la même performance que l’an dernier. Nous allons essayer de lui faire gagner une course ; il n’a pas gagné depuis l’âge de 2ans… Le but est de faire une belle fin de saison et de le garder à l’entraînement l’année prochaine. Il n’aura pas eu une année fatigante ! »

PEDIGREE WEATHERBYS :

www.jourdegalop.com/Media/Jdg/Documents/TELECASTER-.pdf

Un fils de Shirocco Star.

Élevé par Meon Valley Stud, Telecaster est un fils de New Approach (Galileo), étalon de Darley, et de Shirocco Star (Shirocco).

Il avait été racheté 180.000 Gns à Tattersalls par Meon Valley Stud. Son petit frère par Dubawi (Dubai Millenium), avait été acheté 1.100.000 Gns l’année suivante par Stroud Coleman Bloodstock pour Godolphin. Ce poulain est Al Suhail, deuxième des Autumn Stakes (Gr2) et troisième des Solario Stakes (Gr3) à 2ans. Il a été nettement battu cette année dans les 2.000 Guinées de Newmarket (Gr1) et, avant cette course, le Derby d’Epsom était évoqué. Depuis, il a gagné très facilement les Sir Henry Cecil Stakes (L), à Newmarket.

Gagnante en fin d’année de 2ans, sur le mile de Newbury, Shirocco Star a surtout conclu deuxième des Oaks d’Epsom, des Irish Oaks (Grs1) et des British Champions Fillies' and Mares' Stakes (Gr2, à l’époque), mais aussi troisième des Pretty Polly Stakes (Grs1), entre autres. Elle a couru une fois en France pour une deuxième place, dans le Prix de Royallieu (Gr2, à l’époque).

Shirocco Star a une foal par Frankel (Galileo) et a visité de nouveau Dubawi en 2020.

Sous la troisième mère, Hyperspectra (Rainbow Quest), on retrouve le nom de France (Desert Prince), gagnant des Tetrarch Stakes (Gr3) et deuxième des 2.000 Guinées d’Irlande (Gr1).

C’est la splendide famille de Meon Valley Stud qui remonte à la grande Reprocolor (Jimmy Reppin).
JDG

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Départ à 1.000m : 1’44’’74

De 1.000m à 600m : 26’’82

De 600m à 400m : 12’’28

De 400m à 200m : 11’’96

De 200m à l’arrivée : 12’’52

Temps total : 2’48’’32