Pur-Sang Arabe

Le plus grand des challenge

Cela fait longtemps que le sujet était en discussion.
Et en toute honnêteté, je ne pensais pas qu’une
décision d’une telle ampleur verrait le jour. Mais c’est
pourtant chose faite. L’Association française du cheval
arabe (A.C.A.), avec le soutien de l’Association
française du cheval arabe de course (Afac), a
récemment annoncé : « À partir des naissances 2022,
un seul produit issu de transfert embryonnaire par
jument et par an sera inscriptible au stud-book
français du cheval arabe. » C’est une décision aussi
courageuse qu’inédite. Elle a fait couler beaucoup
d’encre, et ce bien au-delà des frontières du
microcosme des courses de pur-sang arabes. Pour
bien comprendre la portée de cette nouvelle
réglementation, il faut se replonger dans l’histoire des
techniques de reproduction "dites" modernes.
Tout est venu des sports équestres, en France, au
début des années 1980. Galoubet a (Almé) était le
meilleur cheval de son temps. Mais l’insémination
étant alors interdite chez les chevaux (contrairement
aux bovins et autres espèces à vocation agricole), il
était difficile de cumuler compétition et reproduction.
Le stud-book du cheval de sport français était réticent
à autoriser cette technique. Mais sous la menace
d’une vente aux États-Unis, pour conserver ce
champion en équipe de France, il fut autorisé à saillir
en insémination artificielle. Au départ, les étalons
étaient censés ne pas dépasser les 100 juments par
an. Mais tout s'est accéléré. À présent, certains
étalons de sport saillissent plus de 500 juments par
an. Sur 8.700 juments de sport qui sont mises à la
reproduction en France, un tiers va à trois étalons. Le
transfert d’embryon a suivi et il représente
actuellement 15 % des naissances pour le concours
hippique. En 2019, fragance de chalus (Jalisco est
morte à l’âge de 26 ans après avoir donné naissance
à plus de 50 poulains grâce aux transferts
d’embryons. Via ses filles et petites-filles, elle est déjà
à l’origine de près de 300 descendants, dont une
quarantaine ayant concouru au niveau international.

Quelles ont été les conséquences de l’utilisation
massive de ces deux techniques ? La première et la
plus évidente, c’est l’amélioration à très grande
vitesse de la population des chevaux de concours
hippique. Entre 1990 et 2010, la progression a été
spectaculaire pour une raison très simple : presque
tout le monde peut accéder à de bonnes origines, si
ce n’est les meilleures, quand on a quelques moyens.
Et c’est la même chose en ce qui concerne les pur sang arabes de course.

La deuxième conséquence,
c’est la disparition de la notion de rareté.
L’abondance de bons pedigrees sur le marché fait
s’écrouler leur valeur. Or l’économie de l’élevage
repose (presque) entièrement sur cela, comme le
prouve le marché du pur-sang anglais. En l’absence
de transfert d’embryon et d’insémination, un grand
propriétaire peut difficilement produire 50 poulains à
la fois bons, beaux et bien nés. Pour rester compétitif,
il se retrouve donc dans l’obligation d’acheter les
meilleurs yearlings des éleveurs commerciaux (ceux
dont la jumenterie est d’une qualité suffisante), faisant
ainsi fonctionner l’économie de la filière. Et c’est ce
cycle-là qui a été rompu dans l’univers du pur-sang
arabe. S’il n’est pas envisageable de revenir en arrière
pour retrouver la vigueur du marché des années 1990
(en bannissant les techniques modernes), il reste
possible de mieux encadrer la production.
La décision prise par l’A.C.A. force le respect : dans
le monde du cheval de sport ou dans celui du polo,
beaucoup d’éleveurs souhaiteraient voir émerger une
telle réglementation… sans y parvenir. Mais c’est
aussi une décision qui n’a pu être prise que grâce à
la bienveillance de la (majorité) des grandes casaques
arabes présentes en France. Au-delà de leurs
ambitions sportives, l’objectif de ces grands
propriétaires et éleveurs est de faire prospérer le pursang arabe en Occident. Et leur accord (tacite) va
dans ce sens. Mais le plus difficile reste à venir. Pour
que cette mesure soit vraiment efficace, il faut qu’elle
soit adoptée au niveau international. Si les éleveurs
du Maghreb et du Golfe ne suivent pas l’exemple
français, le problème ne sera que partiellement
résolu : il est probable qu’il soit (géographiquement)
déplacé. Et c’est cela le plus grand des challenges.
Mais quand on veut se positionner comme leader, il
faut être capable de montrer l’exemple. C’est à ce
prix qu’on fait avancer les choses

Son nom a fait la Une de nombreux médias.

Libero Mazzone a en effet créé un atelier de
confection de masques anti Covid-19.

Véritable touche-à-tout, récompensé plusieurs fois au
concours Lépine, il a peut-être trouvé la bonne
formule pour l’élevage du pur-sang arabe de
course, sa grande passion. Entretien non masqué.

The french purebred arabian

comment êtes-vous entré dans le monde
des courses ?

Libero mazzon

Gamin, je rêvais d’avoir des chevaux. Cela s’est
réalisé alors que j’avais 25 ans. Je crois d’ailleurs
que j’ai été l’un des plus jeunes propriétaires à avoir
mes couleurs et mes chevaux en nom propre. Ce
cheval, c’est saphir de sinuhe (Tidjani). Je l’avais
fait naître après avoir acheté sa mère, fionna des
pins (Naswan), deux ans auparavant, chez Didier
Cabrol. Je voulais juste faire de l’élevage avec une
ou deux juments, pour me faire plaisir. Cette souche
par negus ii (Zafiro), le père de mère de Naswan,
m’a rapidement donné cinq ou six gagnants. Si
"Saphir" est allé chez Jean-Luc Pelletan, les autres
étaient chez Jean-Pierre Totain.