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"Un gars de la terre”, comme il se définit simplement. Thierry Duvaldestin, d’un naturel discret, n’est pas homme aux grands discours. Il préfère les actes à la parole. Ses principaux traits de caractère s’expriment au détour de trois notions principales : la rigueur, le travail et la détermination. Comment pourrait-il en être autrement après avoir appris les bases du métier auprès de Pierre-Désiré Allaire et Jean-Pierre Dubois ?
Le déclenchement
Cette envie de prouver, cette soif de victoires se révèle huit ans après son installation autour d’un premier classique avec Lulo Josselyn, en 2003. Depuis, vingt-neuf autres trophées de groupe I sont venus s’ajouter grâce, notamment, à la fantastique Pearl Queen, pure “fabrique” maison : “Elle est arrivée au moment où j’en avais le plus besoin. Elle a été déterminante dans ma carrière. Aligner cinq groupes I au cours de son année de 3 ans et rester invaincue, c’était vraiment exceptionnel. Elle a rendu possible beaucoup de choses.”
La machine à classique est lancée. Thierry Duvaldestin devient incontournable comme entraîneur dans les jeunes générations, avec lesquels il se forge une réputation de formateur exceptionnel, “produisant” quasiment un vainqueur classique par génération, de Noora de l’Iton, Nuage Noir, Miss Castelle, Onyx du Goutier, Qualmio de Vandel, Return Money, Saxo de Vandel, Union d’Urzy à Avila et Cristal Money, pour atteindre, à 46 ans, plus de 2.200 réalisations comme metteur au point.
Homme de défi
Consciencieux et déterminé, Thierry Duvaldestin élargit ses horizons et se lance victorieusement dans la conquête du Grand National du Trot (Land Danover puis Swedishman plus tard), un tournoi populaire qui lui tient particulièrement à cœur. En perpétuelle recherche de perfection, il met un point d’honneur à établir un record de victoires (210, avec seulement 88 chevaux) en une saison (2009), marquée par la plus grande frustration de sa carrière : “On a gagné le Prix de Cornulier avec Prince Gédé pendant quinze minutes avant d’être disqualifié, non pas par fatigue mais par manque d’équilibre. Le déferrage lui avait été fatal, ce jour-là, et une participation à “l’Amérique”, derrière, s’envolait. On s’était rattrapé ensuite dans le Prix de Paris qu’il avait enlevé de toute une classe”.
L’autre dimension
Confié par Philippe Allaire au lendemain du Critérium des 5 Ans, Ready Cash va marquer à jamais la carrière de Thierry, rendant possible le rêve de toute une vie : “Voir un tel cheval arriver dans ses boxes, c’est une belle marque de confiance. L’entourage m’a toujours laissé carte blanche dans les décisions à prendre. C’était de la très bonne pression, celle qui fait avancer”. Vainqueur en 2011 et 2012 du Prix d’Amérique, Ready Cash envoie Thierry dans une autre dimension pendant plusieurs saisons, tant sa domination s’est inscrite dans le temps. “C’était un rêve d’enfant qui se réalisait. Tu fais ce métier pour connaître ces joies et émotions. Quand j’ai remporté le Prix d’Amérique, j’ai ressenti une certaine libération, un apaisement. Il faut tellement de rigueur pour en arriver là”, reconnaît-il.
Le jour d’après
On dit que les hommes changent les chevaux mais l’inverse le vaut tout autant, ce que ne nie pas Thierry : “J’ai mûri avec l’expérience Ready Cash et me suis davantage ouvert. Sans être nullement blasé, il me fallait trouver de nouvelles sources de motivation”, se dévoile-t-il, ce qui ne s’est pas fait attendre : “L’écurie a connu une petite baisse de régime et il fallait reprendre les choses en main rapidement”. Reprendre les bases, le travail et la famille, avec l’arrivée de ses deux fils dans les pelotons, rien de tel pour se relancer : “Clément évolue bien. Il est moins offensif qu’en début de carrière. Je lui laisse ma place de plus en plus avec bonheur. C’est un vrai motif de satisfaction. Il a passé deux mois, cet hiver, chez Philippe Allaire, où il a pu voir de vrais bons chevaux...(rires) et j’aimerais bien le voir se perfectionner encore ailleurs, mais j’ai besoin de lui, dans un même temps. Théo a très peu couru mais il est très méticuleux.” La transmission du savoir au plus près des siens et la volonté de remonter une écurie très compétitive transpirent depuis plusieurs mois déjà : “J’ai repris le débourrage et la qualification des jeunes à la maison, essayant davantage de poulains cette année avec, comme réel objectif, de renouer avec la victoire au niveau groupe I”.
Un meeting remarquable
Du passé au présent, il n’y a qu’un pas, celui d’un homme en marche, qui s’appuie sur son expérience pour, sans faire de bruit, réaliser sans doute son meilleur exercice hivernal en nombre de succès, soit une base large et solide pour construire durablement, à défaut de remporter de grandes victoires : “Les résultats cet hiver représentent une réelle satisfaction. Contrairement aux années précédentes, j’avais gardé quelques chevaux pour le meeting et bien m’en a pris. On va tenter d’en faire de même au cours des années à venir”. Près de 40 % de podium parmi les chevaux présentés, dont vingt-six victoires au cours du meeting : une remarquable performance, associée à un retour de l’écurie au plus haut niveau grâce à Briac Dark, vainqueur du Grand Prix de Belgique et cinquième du Prix d’Amérique : “Il a toujours eu un moteur, avant même son arrivée à la maison. Comme son père, c’est un cheval de classe. Il n’était pas très démonstratif au début mais a bien progressé au fil des courses, notamment dans sa maniabilité, et prend mieux les virages”. Doté d’une tenue à toute épreuve, “c’est le vrai cheval pour ce Grand Prix de Paris, j’ai donc volontairement fait l’impasse sur le Grand Prix de France”, Briac Dark visera une place derrière Bold Eagle, qui semble, dimanche, voler vers la Triple Couronne.
Auteur d’une carrière qui lui a permis de toucher les sommets, Thierry Duvaldestin se tourne vers l’avenir et rappelle, en tant que membre d’Equistratis, une organisation vouée à la réflexion non conflictuelle et à l’action dans le développement de la filière courses, la nécessité, pour l’ensemble des acteurs, d’accomplir les efforts nécessaires et communs au maintien du niveau de l’activité hippique dans cette période difficile.
Bio express
• Né le 21 février 1971 (46 ans)
• Marié à Sandrine avec qui il a 3 enfants, Clément, Théo et Angèle
• 2.208 victoires comme entraîneur dont 30 groupes I
• 1.388 victoires comme driver dont treize succès de groupe I
• Principales victoires : 2 Prix d’Amérique (Ready Cash), Prix de France (Ready Cash), Prix de Paris (Prince Gédé), 8 Prix de l’Etoile...
• 2 circuits du Grand National du Trot (Land Danover et Swedishman)
• Sulky de Bronze 2009