www.equidia.fr/articles/actualite/chevau...-cas-bien-similaires
Chevaux mutilés, trois cas bien similaires
Entre le 12 et le 15 février, 2 chevaux ont été retrouvés morts à 800 kilomètres d’écart avec une oreille coupée. Si la Police continue ses investigations, les deux cas ne manquent pas de faire penser à une affaire similaire datant de juin 2019.
par
Stella Bandinu le 02 mars 2020
Ce que l'on sait
Tout a commencé dans un lycée agricole de Moselle quand un employé découvre tôt le matin du mercredi 12 février 2020 le corps de
Gold des Luthiers, 4 ans, inanimé dans son enclos. Un cauchemar qui se poursuit quand il découvre qu'il manque une oreille à l'animal.
« Il s’agit d’un acte de malveillance complètement délirant », déclare alors le directeur du lycée agricole, Hervé Montigny à nos confrères du Républicain Lorrain. « Je suis totalement bouleversé et révolté. Je ne comprends pas comment on peut faire du mal à un cheval. »
Le corps du cheval est alors confié à la Clinique Vétérinaire Le Lézard Bleu à Morhange (57).
Démon du Médoc déclenche médiatiquement "l'affaire"
Trois jours plus tard, c'est au Girouard, en Vendée, que l'un des fils de l'entraîneur de trotteurs Philippe Boutin retrouve le corps de
Démon du Médoc dans des conditions similaires. Nous sommes donc le vendredi 15 février 2020, à plus de 800 kilomètres de l'écurie du lycée agricole.
Contacté par la rédaction, Philippe Boutin a expliqué avoir relevé de grandes traces de galopades dans le paddock de son champion et un corps sans trace de maltraitance, outre le retrait de l'oreille. Pour lui, l'organe a été coupé post-mortem, au vu du manque de sang retrouvé et il s'agit vraissemblablement d'un nouvel acte de malveillance, la coupe étant nette et très près du crâne. "
Démon était un cheval très gentil mais très émotif. Inapprochable dans un paddock de nuit. Je pense qu'ils l'ont fait galoper et qu'il a fait un arrêt cardiaque."
Là encore, le parquet a été saisi de l'affaire et une autopsie est en cours.
Le début de l'affaire des oreilles coupées en Auvergne ?
Et alors que l'on croyait avoir identifié les prémices de ces actes barbares, jeudi 27 février, La Montagne nous apprenait qu'un cas similaire avait été découvert l'été dernier dans la petite commune de Chatel-Guyon dans le Puy-de-Dôme. Clothilde Paret, la co-directrice de l'école d'ostéopathie avait été choquée un matin de juin, de la découverte par ses équipes d'
Oasis, l'une de leurs juments, morte et avec une oreille manquante. Là encore, le mode opératoire est clair : l'organe manquant semble avoir été sectionné post-mortem.
Contactée ce lundi 2 mars par la rédaction d'Equidia, la représentante de l'école nous a appris qu'aucune autopsie n'avait été faite sur le corps d'
Oasis mais que le vétérinaire dépêché sur place le matin du drame avait penché pour un décès foudroyant. Cause naturelle (type foudre) ou malveillante (type pistolet d'abattage), l'enquête devra faire sans confirmation sur ce cas.
Toutefois, elle ajoute que les chevaux de l'école vivent sur un terrain de 70 hectares et qu'ils n'ont pas du tout peur de l'homme. Une cible idéale ?
Des cas similaires
Si ces cas sont évidemment choquants, Internet nous apprend toutefois qu'ils ne sont pas isolés.
En Seine-et-Marne, à La Celle-sur-Morin, un cheval a été attaqué et blessé au rectum, dans son champ en janvier dernier.
En Belgique, un vieux cheval de 19 ans avait eu l'oreille tranchée en juillet 2016 mais il n'avait pas été tué. Cet acte là semblait alors avoir été commis en journée, laissant penser à un accident de chasse (le chasseur serait venu couper l'oreille du cheval pour effacer toute trace de son accident). L'année précédente, toujours en Belgique, quatre chevaux avaient été attaqués à l'arme blanche.
En 2014, un des pires cas relevés avait eu à Usson-en-Forez (Loire) où une jument avait été étranglée avec une corde, l’œil droit arraché, l’oreille ciselée, les mamelons tailladés et la crinière découpée. La piste d'un rituel satanique avait été abordée.
Il y a 10 ans, dans l'Allier, plusieurs chevaux, dont un vieil étalon de la famille Bourbon Busset, avaient été assassinés et découpés pour vendre la viande par un gang des pays de l'Est. Un scénario similaire avait eu lieu en 2014 à Beaumont-les-Randan dans le Puy-de-Dôme. Une fois encore, la piste de la vente de viande avait été mise en avant.
Il y a 20 ans, André Francis Bigeon avait retrouvé plusieurs des ses poulinières les queues coupées et des blessures à la base et la corde du jarret. Des blessures infligées avec une faux. L'enquête avait mené à un ancien employé qui avait agi par vengeance.
Les pistes
Si les balles des chasseurs et les ventes de viande ont fait des victimes par le passé, les deux cas de février semblent moins enclins à coller à des scénarios de ce type. En effet, les deux chevaux ont été tués et mutilés de nuit et seule une oreille était manquante sur chacun d'entre eux. Un ami chasseur de Philippe Boutin a d'ailleurs tout de suite écarté la piste d'un accident de chasse.
Visiblement électrocuté (le premier), assomé par une pierre (le deuxième) et terrorisé jusqu'à la crise cardiaque (le troisième), les malheureux équidés semblent être les précurseurs d'un nouveau type de barbarie. Malfaiteur ayant agi seul ou en association, fétichiste des oreilles ou en quête de "trophée", comme un tueur en série, les questions sont aujourd'hui multiples.
Pour l'heure, les autorités des deux dernières communes concernées se refusent au moindre commentaire mais Anne, propriétaire de
Démon du Médoc, entend des hypothèses récurrentes, à l'instar de celles d'un rituel sectaire. Quelle secte et quelle signification autour de l'oreille ? Le mystère reste entier. Seul un rituel de tauromachie fait état d'oreilles coupées remise au tauréador qui aurait fait une prestation de qualité. Les oreilles sont alors tranchées nettes et près du crâne... Un modus operandi assez similaire.
Pour rappel, en France, le Code pénal punit suivant l'article 521-1, toute personne commettant un acte de cruauté ou de maltraitance sur un animal d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 30 000 euros.